mercredi 9 janvier 2013

Black Buck (2/3)

Après la mobilisation des bombardiers, celle des ravitailleurs ! L'avion ravitailleur de la RAF était un autre bombardier de la série des "V", le "Victor" qui avait abandonné son rôle de bombardier stratégique pour le ravitaillement en vol. Les premiers vols d'entrainement furent catastrophiques, les pilotes du Vulcan ayant beaucoup de mal à enficher leur perche de ravitaillement dans le "panier" du Victor. Sur une vingtaine de tentatives, seulement deux furent des succès. Il fut donc décidé d'adjoindre à l'équipage du Vulcan un cinquième homme, instructeur sur le Victor et spécialiste du ravitaillement en vol pour aider l'équipage.

Le "Victor"

Même problème pour le bombardement conventionnel : la plupart des équipages ne l'avait jamais pratiqué. Il fallait faire un retour en arrière pour revenir aux bonnes vieilles techniques de "bomb-run" à la manière des équipages de Lancaster lors de la seconde Guerre Mondiale. Pour compléter la formation des équipages, il fut décidé de les entrainer à bombarder (avec armement réel) une île au large de l'Ecosse. Les 3 équipages firent au total une dizaine de sorties d'entrainement sans soucis particuliers, les équipages atteignat un niveau jugé plus que suffisant rapidement. La RAF cependant eut quelques soucis avec la RSPB, la Royal Society for the protection of Birds (société royale pour la protection des oiseaux) qui s'alarma du "massacre" des mouettes sur l'île utilisée comme cible par la RAF !

Pour aider les équipages de Vulcan, la RAF emprunte en urgence des centrales inertielles sur des VC-10 pour les monter sur les Vulcans, ce qui donnait une référence stable aux équipages du bombardier. Le 29 avril, deux Vulcans quittent Waddington pour l'île d'ascension. A leur arrivée, les équipages découvrent une véritable ruche : le petit aéroport qui voyait rarement passer plus de quatre ou cinq appareils par jour est devenu la base de 14 avions ravitailleurs "Victor" mais aussi pour des "Nimrod" et des "Hercules".

Un des nombreux "Victor" basé sur l'ile d'ascension pendant la campagne des Malouines

Le 29 avril au soir, les armuriers de la RAF installent l'armement dans les deux Vulcans : 21 bombes de 1000 livres (soit 450kg) au total. Pendant ce temps, les équipages travaillent : il faut finaliser le plan de vol du raid. Armé d'une calculatrice de poche et de beaucoup de papier, le Group Captain Jeremy Price calcule les besoins en carburant de chacun. Avec son équipe, ils parviennent à un plan d'une complexité encore jamais vue et ne laissant aucune marge d'erreur. Il leur faut douze ravitailleurs et deux Vulcan. Un Victor et un Vulcan sont en réserves et peuvent remplacer un des appareils du plan au pied levé si besoin pendant le première partie de la mission. Pour le reste, les onze Victor et le Vulcan décollent ensembles, et mettent cap au sud. Arrivé à un premier point, les six premiers Victor vont ravitailler les cinq autres ainsi que le Vulcan. Ayant gardé juste de quoi rentrer, les six Victor retournent sur l'île d'Ascension. Le raid continu avec cinq Victor et un Vulcan.

Le plan de vol est extrêmement complexe

Arrivé à un second point de ravitaillement, trois des cinq Victor restant ravitaillent le Vulcan et les deux Victor restant. Les trois ravitailleurs font ensuite demi-tour pour rentrer. Reste alors deux Victor et le Vulcan. Arrivé à un troisième point, un Victor ravitaille le Vulcan puis l'autre Victor avant de faire demi-tour. Arrivé au dernier point, le Victor restant ravitaille une dernière fois le Vulcan avant de retourner vers Ascension, ou un autre Victor de la première vague vient à sa rencontre.

En résumé...

Le Vulcan peut ensuite aller effectuer son bombardement, avant de remettre cap au nord, ou une formation de deux Victor vient à sa rencontre, pour compléter ses pleins. Ce plan diaboliquement anglais laisse très peu de manœuvre. Un problème sur un seul avion peut mettre en danger toute la mission. Il faut à tout prix maitriser la consommation de carburant. Or elle dépend de trop de facteurs pour être précise au litre près. Il faut donc faire des approximations et des hypothèses. Le seul "outil" dont dispose les équipes étant une calculatrice 4 opérations, il faut estimer aussi précisément que possible les besoins et les réserves de chacun.

Les Vulcan et les Victor sont tous équipés de centrale inertielle, ce qui permet la navigation sans encombre de nuit au dessus de l'océan, même en cas de mauvais temps pouvant masquer les étoiles. En revanche, aucun équipage ne dispose d'une carte de l'atlantique sud à bord des appareils : les cartes ont été commandés en urgence…mais n'ont pas encore été livrées. Qu'importe, les équipages utiliseront les carte de l'atlantique nord, en les retournant, et en marquant au crayon les principaux points de repère. Système D, quand tu nous tiens...

Le raid pouvait être lancé...

Vulcan sur l'île d'Ascension

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